Il était une fois la musique

histoire de la musique
histoire de la musique

La musique est basée sur des codes, des cultures et des croyances. De tout temps, elle est un vecteur de cohésion et va rassembler autour de rituels collectifs importants[1]. Des tribus primitives jusqu’aux chants guerriers, elle joue un rôle essentiel dans les sociétés. Après avoir exploré l’histoire du hip-hop, intéressons-nous à celle de la musique en général.

Flashback

L’histoire de la musique est aussi ancienne que l’histoire des civilisations. Il n’est donc pas possible de dater son apparition exacte tant elle est liée à celle de l’humanité. Avant de devenir un art, c’est avant tout un langage et un outil de communication[2] qui servira les grandes instances comme la religion ou l’armée. On peut distinguer trois ères majeures dans l’histoire musicale occidentale.

La musique religieuse

Dans la plupart des civilisations, la musique est intrinsèquement liée à Dieu. Elle est un médium dont le corps est son moyen d’expression. En effet, elle va de pair avec la danse et d’autres activités que peuvent produire le corps comme le chant. Cette pratique est avant tout collective et liée à « des rites ou des cérémonies »[3].

 « La musique est le langage le plus efficace pour communiquer et pour garder les règles et les valeurs de la société humaine ».[4] C’est ainsi que de tout temps la musique religieuse va rassembler les membres d’une société autour de chants qui vont conter l’histoire de l’humanité et y introduire des principes de vie à respecter. Cette musique est donc pour la plupart du temps vocale, dans le sens où la voix est l’organe principale. Néanmoins les instruments occupent un rôle important et leur développement va se faire rapidement.

fresque musique religieuse
Musique de l’église

En Europe durant le Moyen-âge, l’Eglise chrétienne va régir la musique religieuse en le codifiant et en imposant par exemple le latin comme langue commune. Ce chant que l’on va nommer « grégorien » (en référence au pape Grégoire le Grand[5] ) aura  pour but de  « mettre en valeur les textes sacrées »[6].

Parallèlement à la musique religieuse, va se développer une conscience musicale. On entre dans une période où l’on commence à considérer cette pratique comme un art. Aussi la grande question du XIXe siècle est de savoir quand a débuté la musique telle que nous la connaissons.

Du baroque au classique

Les lieux de diffusion de la musique se sont multipliés de la fin du XVe siècle jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle. L’Eglise n’est plus seule détentrice du patrimoine musical. Désormais elle se joue dans la cour des rois et l’Eglise ne possède plus le monopole de la musique dite savante.

On entre dans l’ère de la musique baroque qui va se caractérisé notamment par les avancées en matière de construction d’instruments de musique. Nous sommes à la Renaissance et un courant majeur et populaire va se créer, le mélodrame. Le théâtre musical autrefois interdit par l’Eglise se développe et la musique profane y trouve un genre d’expression analogue à celui que l’Eglise présentait comme musique sacrée.

La période classique va venir bouleverser l’histoire musicale. Bouleversement car elle va développer un langage musical, hérité du baroque, qui va donner naissance à de nouvelles formes artistiques : le sonate et la symphonie. Cette période va également marquer une rupture avec l’Eglise et la cour ; la musique devient de plus en plus un spectacle destiné au grand public.

Musique baroque
Musique baroque

Durant la Révolution, la musique va également jouer un rôle autre que le divertissement ; elle va servir de soutien en transmettant des idées et fournira à la communauté un signe de reconnaissance et de cohésion. C’est la période des chants nationaux et révolutionnaires.

La musique va passer par d’autres courants comme le romantisme avant de se transformer littéralement au 20e siècle. Avec la naissance de la société de masse, la croissance de l’industrie et le développement des métropoles, des renouvellements sociaux et culturels vont donner une autre dimension à cet art. On nommera cette période les temps modernes.

Par ailleurs, jusqu’à présent, la musique était transmise en direct lors d’opéras ou de concerts. Elle va prendre une autre dimension à partir du moment où elle va pouvoir être capturée et écoutée grâce à des innovations technologiques. Ces transformations vont propulser la musique dans le domaine marchand et lui fera revêtir au fil du temps la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. On entre ainsi dans la grande aventure de l’industrie musicale.

L’ère de l’industrie musicale

On peut évoquer l’industrie du disque sous trois angles.

Le premier est l’aspect technique. De tout temps, l’homme a voulu capturer le son pour pouvoir le reproduire. Cette prouesse technique ne verra le jour qu’au siècle dernier. Cependant, comme beaucoup d’industries, celle du disque est jalonnée par des différentes crises. On distinguera ces dernières pour faire un parallèle avec la crise actuelle. Enfin, le business de la musique est avant tout un secteur composé d’acteurs qui vont influer sur son évolution. Nous présenterons ces derniers pour voir leur rôle dans ce secteur.

La technologie

Comme la plupart des genèses, l’origine de l’industrie du son est controversée. Le premier appareil permettant de mémoriser une sonorité est crée en 1957 par Scott. Néanmoins, après des apports technologiques de Thomas Edison (avec notamment le phonogramme en 1877), c’est Graham Bell qui en 1985 inventera le graphophone[9].

C’est un appareil qui capture le son dans un cylindre de cire pour pouvoir ensuite la restituer. Près de 10 ans plus tard, c’est l‘Allemand Berliner qui innove avec le premier disque. Après des années de résistance, le cylindre sera finalement abandonné au profit de ce dernier.

C’est lui va inspirer bons nombres de créations comme l’appareil d’enregistrement sonore, le disque à microsillon en 1948 ou encore le premier 33 tours permettant un temps d’écoute d’au moins 40 minutes[10]. Viendra dès lors l’apparition du vinyle tel que nous le connaissons à ce jour.

1964, c’est au tour de la cassette de faire son entrée sur le marché et va détrôner le disque. En effet, de par son format plus ergonomique et sa capacité à reproduire du son via les bandes sonores, elle va rapidement séduire le grand public.

La course à l’innovation se poursuit encore avec le lancement du compact disc au début des années 80. Cette nouvelle technologie sera une aubaine pour les grandes compagnies de disques. En effet, les faibles coûts de pressage et de duplication du CD vont leur permettre de proposer à nouveau des œuvres déjà parues autrefois en cassette.

L’industrie du disque connait dès lors son âge d’or. Moins de 20 ans pourtant après, avec le développement des TIC et l’arrivée d’Internet, la musique va connaitre sa dernière mutation à ce jour : le numérique.

Les crises de l’industrie du disque

Comme tout secteur concurrentiel, le marché du disque a connu des bouleversements importants qui l’ont amené à revoir son modèle économique. Si les deux premières crises tirent leurs causes de faits extérieurs, celle que nous traversons actuellement à des origines structurelles.

La crise de 1929 va avoir des conséquences sur tous les secteurs d’activités. Le pouvoir d’achat des consommateurs va être affecté. Le marché du disque va connaitre sa première grande crise. Cependant, cette dernière est également du à l’apparition de la radio. Ainsi les clients potentiels trouvent une autre source de divertissement.

La seconde crise qui va secouer le marché survient fin des années 70. Une fois de plus elle va coïncider avec une période de récession du au choc pétrolier. A l’instar des années 30, les causes de cette dépression viennent également de la concurrence provenant du développement des industries du loisir comme le cinéma et la télévision.

C’est grâce à l’apparition du CD que le marché va connaitre un renouveau. Les ventes vont ainsi redémarrer car la technologie améliorera la qualité d’écoute et les capacités de stockage.

Or la troisième crise -fin des années 90- est justement du cette fois à une évolution technologique. Malgré les différents débats sur le rôle d’Internet dans la crise, les chiffres prouvent bien que la numérisation des supports et l’accès aux contenus de manière gratuite (légalement ou non) a entrainé une baisse des ventes de CD.

Face à cette nouvelle dépression, les maisons de disques ont mis du temps à réagir, dans le milieu du hip-hop, certains acteurs en ont profité pour s’organiser et repenser le système actuel. C’est ainsi que malgré les difficultés du secteur, certains artistes arrivent à émerger. Le marché de la musique est en effet composé d’agents qui redynamisent sans cesse l’organisation établie.

Les acteurs

Le secteur du disque est un microcosme où les éléments vont interagir entre eux. Ces interactions vont pouvoir réguler l’industrie et lui apporter un nouveau souffle au moment où celui-ci en a le plus besoin. Nous venons d’évoquer les crises que le secteur musical a connues. Elles ont été en partie résolues grâce à ces différents agents :

  • Les artistes et leur créativité : Lorsqu’un genre connait un succès commercial, de grands investissements sont faits pour produire des artistes du même registre. Or à force de formatage[11], le style s’essouffle rapidement. Les amateurs de musique saturent et ne retrouvent plus l’essence même de ce qu’ils recherchent. C’est ainsi qu’à travers le temps, des artistes ont fait évoluer leur musique et insuffler un nouvel air dans les productions existantes. Voilà comment les nouveaux styles musicaux comme le jazz dans les années 30 ou le rock’n’roll dans les années 50[12] vont permettre de relancer une économie musicale en berne. Très récemment dans le secteur du hip-hop aux USA, alors que les modèles musicaux venaient de New-York ou de Los Angeles, un rap venu du sud-est va apporter une créativité nouvelle et donner un nouveau visage au hip-hop.
  • Les labels indépendants : Ils vont connaitre un développement durant l’essor du rock aux Etats-Unis[13]. Réputés comme avant-gardistes, ils ont les avantages d’une petite structure : proche du terrain, des contraintes de temps moins strictes  et une ouverture artistique plus large. C’est grâce aux labels indépendants que des artistes talentueux peuvent être découverts. C’est grâce à eux que le rock va être propulsé au sommet. En 1958, 60% des hits du marché américain sont produits par des indépendants[14]. En France, en 2003, c’est le cas de Corneille[15] qui à ses débuts était sous contrat avec Pias, un label indépendant parisien. Ces acteurs obligent les grandes maisons de disques à rester en veille artistiquement tant la puissance de tous les indépendants réunis peut-être énorme. 
  • Les majors[16] : Souvent décriés, on leur reproche de chercher le profit financier au lieu de favoriser la découverte artistique. Les majors sont néanmoins des acteurs importants dans le secteur musical. Certes, comme toute société commerciale, elles sont motivées par les gains qu’apporte la vente d’un CD. Cependant, cette motivation les pousse à chercher des nouvelles méthodes de production, de promotion ou d’exploitation. C’est cette course à l’innovation qui a permis d’établir en 1930 de nouvelles stratégies de vente basées sur le contenu d’un disque et non uniquement son prix[17].

Leur implication tardive dans le secteur numérique est vivement critiquée. Cependant grâce à leur puissance financière, des efforts sont faits à ce jour pour rattraper le temps perdu. Florent Boix, chef de projet on line chez Universal Music confie que la major investit dans les projets numériques et n’hésite pas à déployer des équipes pour la recherche et le développement.

Le rappeur Sinik par exemple est le premier artiste au monde a bénéficié de la technologie dite de réalité augmentée. Cela témoigne de la volonté d’Universal d’entrer dans l’ère du marketing interactif.

Après avoir évoqué l’histoire de l’industrie du disque, on va à présent voir son influence dans les styles musicaux. En effet, pour pouvoir vendre de la musique ou même la diffusé en radio, il faut la classer par genre afin que le consommateur sache où trouver ce qui lui correspond.

L’histoire de la musique va se poursuivre et de nouvelles formes de styles musicaux vont émerger, les musiques actuelles dont le hip-hop fait partie.

Les temps modernes, les musiques actuelles

Le terme de « musiques actuelles » a été crée par le Ministère de la Culture Française pour désigner les styles musicaux qui firent leur apparition au milieu du XXe[20]. Il regroupe quatre genres musicaux : le jazz, la musique traditionnelle, la chanson et les musiques amplifiées.

A l’origine, l’expression musiques actuelles était utilisées pour parler du rock ou de la pop afin d’éviter d’employer ces termes pour avoir accès à des salles de concerts[21]. Depuis, beaucoup pensent qu’elles ne concernent uniquement que cette dernière catégorie. Néanmoins l’expression couvre bien différents styles musicaux. Ainsi au sein des musiques amplifiées, on va pouvoir distinguer trois genres :

• le rock, blues, pop, fusion, métal, indus, hardcore, punk

• le hip-hop, r&b, ska, reggae, ragga, dub, funk

• les musiques électroniques.


[1] Catucci Stefano, L’histoire de la musique, Delagrave Edition, 2009, 123 p. 9

[2] Ibid op. cit. L’histoire de la musique

[3] http://books.google.com/books?id=WMPrbED

[4] Ibid op. cit. L’histoire de la musique

[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_musique

[6] http://membres.multimania.fr/magnier/musique.html

[9] http://www.site-du-jour.com/dossiers/histoire-disque.html

[10] fr.wikipedia.org/wiki/Disque_microsillon

[11] On entend par formatage, le fait de stigmatiser une œuvre. Pour un passage en radio par exemple, une chanson ne devra pas dépasser les 3mn40, le premier refrain devra intervenir avant 45 secondes etc

[12] http://www.site-du-jour.com/dossiers/histoire-disque.html

[13]http://books.google.fr/histoire-de-l-industrie-musicale p.25

[14] http://books.google.fr/histoire-de-l-industrie-musicale p.26

[15] Auteur-compositeur-interprète de musique r&b connu notamment pour son album Parce qu’on vient de loin

[16] Nom donné aux grandes maisons de disques ; actuellement elles sont au nombre de quatre : Universal Music, Sony Music, EMI Group et Warner Music

[17] http://books.google.fr/histoire-de-l-industrie-musicale p.30

[19] Le terme de « musique actuelle » n’est évidemment pas approprié pour désigner les courants musicaux post période classique ; néanmoins cette sous-partie va avant tout évoquer la musique dans la deuxième partie du 20e siècle ; nous reviendrons par la suite aux genres musicaux du depuis le début du siècle.

[20] http://fr.wikipedia.org/wiki/Musiques_actuelles

[21] http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/HistoriqueMA-1.pdf

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